Page:Las Casas - Œuvres, Eymery, 1822, tome 1.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRÉFACE DE M. LLORENTE.

Les écrits du vénérable évêque de Chiapa, don Barthéiemi de Las Casas, ont été fort estimés après sa mort ; mais ils doivent l’être plus particulièrement à une époque où les lumières de la critique font mieux apercevoir le caractère de raison et d’équité que ce vertueux Espagnol opposa aux excès des conquérans de l’Amérique pendant leur invasion, et surtout après leur conquête.

Les motifs sur lesquels Las Casas fondait ses réclamations en faveur de la liberté individuelle des Indiens peuvent s’appliquer à d’autres situations politiques plus ou moins analogues aux circonstances où les peuples se trouvaient lorsqu’il entreprit de les défendre.

Plus de trois siècles se sont écoulés depuis que les Européens occupent l’Amérique : ils y ont succédé au droit des anciens habitans, comme nous voyons, dans l’histoire de l’Espagne , les Phéniciens, les Grecs, les Celtibériens, les Ibériens, les Celtes, les Carthaginois, les Romains, les Goths et les Espagnols succéder à celui des peuples aborigènes de cette péninsule.

Des révolutions semblables à celles de l’Espagne sont arrivées dans toutes les parties du monde, et l’Amérique a eu les siennes, quoiqu’on ne connaisse que les nations qui la peuplaient au quinzième siècle, et celles qui y sont arrivées pour prendre leur place.

Les droits des Indiens de l’Amérique sont périmés, et l’injustice qui a accompagné l’établissement des Espagnols dans leur pays a disparu devant le droit des gens, après un laps de plus de trois siècles, et par l’impossibilité de rétablir les choses dans l’état où elles étaient avant l’usurpation.

En effet, il est des circonstances où le retour moral à