Page:Lassalle - Capital et travail.djvu/17

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dévoi-, et ému de pitié pour celle qui en était victime, jura de se consacrer à sa juste cause et de la faire triompher.

« Républicain ardent, dit-il, dans sa Confession[1], je vis personnifiées dans le comte toutes les iniquités du régime monarchique, toutes les oppressions du pouvoir, de la force et de la richesse contre le faible ; et moi, jeune Israélite impuissant, je me levai contre les personnages les plus importants de l’État, contre l’autorité héréditaire, contre l’aristocratie, contre les intrigues de la grande richesse, contre le gouvernement, contre tous les administrateurs possibles et enfin contre toutes sortes de préjugés. . .

« Et là commença une lutte atroce, pleine de souffrances journalières pour la comtesse et pour moi, une lutte impossible qui dura neuf ans. Mais je ne reculai pas d’un pas et je finis par le triomphe le plus complet. »

Ce qu’il avait fallu dépenser de courage, d’activité, d’intelligence, de dévouement et de constance dans cette lutte légale contre tout un clan aristocratique, est en effet inimaginable, et il fallait bien une intelligence hors ligne et une irrésistible éloquence pour amener le tribunal de Berlin à se prononcer contre le comte, aux applaudissements d’un public enthousiaste.

La comtesse de Hatzteld ne fut pas ingrate ; elle 80 fit pour toujours l’amie et l’admiratrice de son jeune sauveur.

Lassalle n’avait pas attendu la fin de ce long procès pour se jeter activement dans la démocratie sociale. En 1848, il était déjà le chef du parti so-

  1. V. L’amore nella vita di Ferdinando Lassalle, trad. dal russo di E. Z. Florence, 1878.