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VII

Hostile aux maîtres et jalouse de leur inimitable vertu, la morale servile sera nécessairement ennemie de la civilisation et de l’art qui les glorifient, du style qu’ils ont fondé. Elle n’a rien plus à cœur que de ruiner des palais. Elle n’est pourtant pas le vandalisme. Les Vandales sont des maîtres par leur sauvagerie même, — au moins de la graine de maîtres[1]. De plus, ce que l’esclave moralement révolté hait et envie, ce n’est pas la richesse et l’éclat extérieur des aristocraties, c’est un bien infiniment plus précieux : leur privilège spirituel, leurs titres humains. Il ne s’agit donc pas, pour lui, de saccager, mais de déprécier, de flétrir. Les révolutions des esclaves par la morale peuvent être appelées d’immenses entreprises de déconsidération.

  1. Voilà de ces outrances littéraires que je laissais passer trop innocemment. En France, elles sont sans danger. Mais songez à l’effet qu’elles peuvent produire sur les incendiaires de Louvain.