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AVERTISSEMENT

casme. Un conservateur qui parle comme un révolté, un attique, un Français par le goût, avec des brutalités et de rudes moqueries d’Allemand : physionomie assez nouvelle dans l’histoire et dont le secret gît peut-être en ceci, que Nietzsche, parvenu à la sagesse, en a moins joui qu’il n’a été irrité par l’erreur. Quand une âme délicate découvre dans un idéal auquel elle s’était laissé séduire par ses penchants les plus nobles, sophistique et charlatanisme, elle s’offense et certes sa colère est justifiée. Mais il n’est pas bon que cette colère dure trop. Car elle porte moins contre le faux lui-même que contre la naïveté et aussi l’orgueil qui nous en rendirent dupe. C’est là une aventure personnelle dont il ne faudrait pas, à moins d’avoir le génie d’écrivain de l’auteur de Zarathoustra, occuper trop longtemps le monde. Tandis que nous errions dans d’obscures cavernes, le soleil ne s’était pas arrêté de luire. Au reste, le caractère de Nietzsche n’est nullement l’objet de cet écrit.

Quoi qu’il ait pu y passer du ton nietzschéen, qu’on veuille bien y voir surtout un essai de