Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/40

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crainte, qu’ils ne tombassent sous une autre dent affamée, les faisait toujours porter sur soi, ou être présent, quand le cheval mangeait : nous manquions pourtant de pain, quoique le bléd fut très commun, mais les patriotes avaient détruit les moulins en se retirant, ainsi il fallut se résoudre a aller en chercher au loin.

Une fois je fus d’un détachement qu’on envoya a une lieue de Chaalons, pour faire contribuer un village ; nos lignes étaient a quatre lieues de la ville, de sorte que les patriotes nous auraient pu enlever dans un moment ; aucune troupe n’y avait encore passé, les poules couraient dans les rues, et les maisons ne manquaient de rien. On fit d’abord quelque difficulté de nous le montrer, mais voyant qu’on leur mettait l’argent d’avance dans la main, ils n’en firent plus, et nous n’en eûmes que trop. Un maître d’école, voyant a notre façon d’agir, que nous étions de bons diables, nous dit, qu’il avait quelque bouteilles de bons vins, mais qu’il ne pouvait pas s’en défaire, a moins de tant ! nous convînmes du prix ; puis nous nous rendîmes dans sa maison, et devant nous, il creusa dans un gros tas de cendre, et en tira une douzaine d’ex-