Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L'obligation absolue où sont les habitans des campagnes d’être soldats nés sans avoir la possibilité de prendre d'autre état, à moins d’une permission expresse du roi, semble être contre les progrès de l’industrie. Il y a nombre de gens riches dans les campagnes, qu’on appelle Boucle (paysans ou plutôt chefs de famille,) que cette loi contrarie et qu’elle empêche de donner à leurs enfans, l’éducation que leur fortune leur permettrait. C’est un spectacle étrange, de voir un homme jouissant d’une belle fortune, avoir le ton et les manières d’un paysan. J’en ai vu admis dans les maisons des gens de la ville se dépiter, rechigner et pleurer en demandant quelques postes qui les approchât d’eux : j’en ai vu aussi quelques-uns avoir les manières et le ton de gens très-bien élevés, mais c’est le petit nombre.

On ne saurait cependant que louer la douceur extrême du gouvernement paternel qui règne en ce pays : on pourrait presque se permettre de dire que ce qui a rapport à la police est trop doux et trop tolérant.

Le plus petit changement exige des procédures prodigieuses, et c’est d’autant plus singulier que le roi a de droit, le pouvoir de faire tout à son gré : mais on peut dire qu’il ne s’en sert que bien rarement ; j’en ai vu un exemple