Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/178

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Le serment devant être prêté le lendemain : sous le prétexte d’une promenade, je me rendis par les Montagnes à la frontiere, où j’arrivai après bien des contre-tems ; la neige particulierement, qui tomba on abondance (quoiqu’au 15 Juillet) pensa me faire retourner sur mes pas, crainte d’être perdu, mais le soleil paraissant tout à coup, je revis mon chemin : j’apperçus bien vite la borne aux armes de France et de Savoie, je m’assis dessus prendant un grand quart d’heure, refléchissant et rêvant au malheur de mon pays et à le conséquence de cette démarche, et je me jettai du côté de Piémont.

J’arrivai bientôt à Turin, les princes en étaient partis depuis longtemps, et avaient établis leur quartiers, le comte d’Artois à Coblence, et le prince de Condé à Worms. Ils recevaient les officiers et les gentils-hommes qui émigraient en foule, depuis l'arréstation du roy à Varennes et le nouveau serment. Après quelques terres de repos, et avoir réparé la perte nationale de mes effets, je me mis en route pour les aller joindre.

Je m’arrêttai à Aix en Savoie, et fus voir au Bourget le corps des chevaliers de la couronne qui s’y formait ; on se rappelle, qu’il était en partie compofé, des personnes qui s’étaient sauvées, après que l’expédition de Lyons eut été manquée, l'année précédente.

Pour éviter de passer sur terre de France, à Versoix, je m’embarquai à Genève sur le lac, et fus descendre à Copet : je fus sur le champ visiter le parc et le jardin de Mr. Necker, et la premiers statue que j’apperçus fut celle du temps, tu seras notre vengeur dis je, et j’écrivis Necker sur sa faux ! ... en attendant le bon et vertueux philosophe, déséspérant de pouvoir établir sur la France le gouvernement de Genève, s’était