Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/166

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bâtir une chapelle Catholique ; je ne sais trop quelle faute le Prêtre de la paroisse avait commise vis-à-vis de l’Evêque Catholique de Killaloe, mais il l’avait interdit et l’Eglise restait à demi bâtie et sans toit. On y célébrait la messe cependant, dans un coin que l’on avait couvert de quelques planches ; le peuple y venait comme à l’ordinaire, mais les paroissiens étaient résolus de n’achever l’Eglise, que quand le Prêtre favori serait rappellé.

Traversant les tourbes qui entourent ce village, je m’arêtai au pont d’O’Brian, et je fus me présenter quelques milles plus loin à Glanomore, chez Mr. Thomas Arthur, où je passai quelques jours ; sa maison est au fond d’une petite vallée assez fertile et entourée de montagnes couvertes de tourbe. Je vis, chez lui, les ossemens presqu’entiers de cet animal monstrueux, qu’on appelle dans ce pays, Moss ou Mouse-Deer, et dont je ne saurais dire le nom en Français

La race en est éteinte depuis si longtemps en Irlande, que l’histoire, ou même la tradition, n’en sont aucune mention. C’est une espèce de cerf, mais qui, par les cornes et les ossemens que l’on a trouvé dans les tourbieres devait être au moins trois fois aussi grosse que la notre. Ces cornes ont communément entre sept à huit pieds de haut ; on en a trouvé une qui en avait plus de dix ; les os des jambes sont du double de la grosseur et près du triple de la longueur de ceux d’un bœuf.

Il est fort singulier qu’aucune tradition quelconque ne fasse mention de l’éxistence de cet animal en Irlande : il ne l’est pas moins que l’on n’en ait jamais trouvé de trace sur le continent : à quoi pensait donc la Nature, de loger dans une