Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plutôt de l’autre, puis qu’il est beaucoup plus exposé à la pluie, qui vient de l’ouest.

L’on dit que les bogs croissent et qu’il y a certains éxemples, que là où il y avait des bois on en trouve à présent. C’est par la même raison, si ces bois eussent été coupés où brulés dans un climat sec et chaud, ils auraient bientôt été detruits sur le terrain par le changement perpétuel du froid au chaud et du sec à l’humide. Mais dans un climat humide, ils se couvrent d’abord de mousse et d’autres plantes, forment bientôt une masse et deviennent bogs ou morasses par la continuité de leur situation, qui ne change jamais de l’humide au sec. Il n’y a pas de doute d’après cela, que les plantes qui couvrent le sommet de ces morasses, n’en augmentent la quantité à la longue, ou que même des tourbieres qui ont dejà été coupées ne puissent par la suite le redevenir, si on ne les a pas entierement extirpées et qu’on n’ait pas donné de cours aux eaux.

Oh, la noble chose de rêver ! je ne suis pas étonné que nous ayons eu tant de fous dans ce genre . . . On se croit presque à la création du monde et on l’arrange à sa fantaisie ; rien n’est plus amusant pour l’Auteur, mais comme il se pourrait que ce ne fut pas de même pour le Lecteur, il est temps d’y mettre fin et de revenir au Conomara.

Je m’enfonçai dans les montagnes, sans autre guide que mon cheval, qui ne paraissait pas s’en soucier. C’est bien effectivement un pays de loups quoiqu’il n’y en ait point. La vue est, de temps-en-temps, flattée par les belles et larges bayes qui sont si communes et qui pour ainsi dire dentellent