Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/259

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pas que dans les villages voisins, il n’y en eut quelques uns, mais aussi c’eut été un miracle sans cela. Les paysans pour faire cette opération avaient mis leur meilleur habit ; l’air de gaité et de bonne humeur qui regnait parmi eux, aurait aisément fait croire que c’était quelque espèce de fêtes, si l’on n’eut été instruit, que ceux qui les conduisaient, avaient des idées séditieuses : le chemin était couvert de chevaux qui appartenaient à quelques uns des fermiers qui, comme les autres rammassaient les pommes de terre.

Si une pareille scêne eut eu lieu en France, où même en Angleterre j’ai bien de la peine à croire, que les choses se fussent passées si tranquilement. Je crois aussi que ces rassemblemens nombreux, auraient finis par devenir tres dangereux, considérant l’esprit de fermentation et de mécontentement qui régnait dans le pays. Le gouvernement fit fort sagement, de les défendre quelques tems après, et ce qui prouve encore en faveur du peuple de ce pays, c’est que je n’ai pas entendu dire qu’elles ayent eû lieu après.

Il est vraiment singulier de voir, comme avec toutes leurs dispositions mutines, ces Irlandais sont aisés à soumettre : je l’ai déjà dit et je le répète avec plaisir ; entre les mains de gens habiles et dirigés par des motifs de bien public, je n’ai pas connu de peuple qu’on put plus aisément conduire au bien. Ces séditions fréquentes mêmes, ne prouvent pas autre chose que sa sensibilité : si l’on cessait une bonne fois de vouloir absolument les Angliser à tout prix, et qu’on sut les mener par les préjugés et les manières qui leur sont propres, on en ferait ce qu’on voudrait.