Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/305

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Le lendemain désirant aller chez le Souverain (c’est ainsi qu’on appelle le premier Magistrat, le Maire) je m’informai de sa maison à une pauvre femme, qui était sur sa porte. " La voila, dit elle, mais il n’y est pas ; je l’attends, ajouta-t-elle, pour lui faire payer mes vîtres. "

Ce jour là aussi, un homme chez qui je dinais et qui avait eu assez de peur la vèille me dit, « la France est dans un état de trouble très violent, l’Italie est ravagée, l’Espagne va bientôt peutétre se révolter, l’Allemagne est ruinée, la Suisse est au moment de faire la guerre, la Hollande n’éxiste plus, &c. ici on nous brise nos fenêtres et on finira peutêtre par nous assommer, où donc aller pour trouver la paix ? " " ma foi, lui répondis-je, je ne connais qu’un souverain qui n’ait pas été troublé jusqu’à présent et chez qui on peut aller très promptement quand on veut." " Et qui est ce ? " dit il ; " c’est le grand diable d’Enfer, lui répondis-je. "

Les troubles cependant, ayant fait de Belfast un séjour assez peu agréable, je me munis de passe-ports et je partis ; je fus fort surpris de voir que les soldats avaient pris la peine de casser les vitres jusqu’à deux ou trois milles de la ville. J’étais dans le coche, n’ayant pas jugé à propos, de m’hazarder à pied dans le pays, après ce que j’avais vu. Je traversai successivement Lisburn, Hillsborough, et Dromore ; les deux premieres villes, sont situées dans un pays charmant et parfaitement cultivé. Hillsborough, où est le chateau du Marquis de Downshire est sur une élévation qui domine le pays le plus fertile et le plus riche. C’est à Lisburn que les Réfugiés Français établirent les premieres manufactures de toile,