Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/330

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St. Germain, dans la dévotion la plus grande. La voici, telle que je me la rappelle, car il y a plus de huit ans que je ne l’ai lu.

Quand je veux rimer à Guillaume,
Je trouve qu’il a conqui un Royaume
Qu’il a su soumettre à ses loix.
Mais quand je veux rimer à Jacques,
J’ai beau rêver et me tordre les doigts,
Je trouve qu’il a fait ses Pâques.

Laissant enfin ces lieux si fameux dans l’histoire de la Grande Bretagne et continuant de suivre la vallée fertile de la Boyne, je me rendis à Slaine. Aussitôt qu’on quitte les côtes, on se retrouve parmi un peuple certainement différent de celui qui les habite. Ce ne fut pas sans plaisir, que je retrouvai les manieres extraordinaires et les monumens singuliers qui avaient excité mon attention dans le sud et dans l’ouest de l’Irlande.

Je rencontrai d’abord une funéraille : elle était précédée d’un enfant qui portait une baguette blanche couverte de papier découpé et suivie par un nombre de femmes qui poussaient des cris. Ces cris cependant ne me semblerent pas de la même espèce que ceux du sud. J’y crus voir plus d’ordre ; les femmes se taisaient par intervalle et ne témoignaient aucun signe de douleur, comme de se battre le sein ou de s’arracher les cheveux. Le son de ces cris aussi, n’était pas le meme : dans le sud ils avaient communément quelque chose de ressemblant à pi li lu ou hu lu lu ; ici, ils avaient quelque rapport, à la maniere dont les Presbytériens chantent les psaumes, et je crus distinguer, oh, ah, oh, ah, oh, ah,