Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/350

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L’ivrognerie qui prévaut parmi les basses classes du peuple, contribue beaucoup à les abbrutir, et à perpétuer leur indigence. Il n’est pas de spectacle plus dégoutant que ces malheureuses couvertes de haillons, chargées de deux ou trois misérables enfans presque nuds, sortant d’un cabaret de whisky, et demandant en bégayant la charité du passant. A cette vue trop fréquente le cœur se resserre. La pitié et la compassion disparaissent et ne laissent d’autres sentimens que le dégout et l’horreur qui forcent à s’éloigner bien vite. Plusieurs personnes m’ont assurées, qu’autrefois l’ivrognerie était aussi fréquente en Angleterre, mais que depuis ce qu’on appelle the gin act, qui avait mis les liqueurs fortes hors de la portée du peuple, par la taxe dont on les avait chargées, il s’en était deshabitué peu-peu et à présent ne boit plus communément, que, du porter où, de la bierre forte, qui est une boisson saine, renforçante, et avec laquelle on ne peut gueres s’ennyvrer : un whisky act en Irlande, serait un service essentiel au peuple de ce pays et qui je n’en doute pas, détruirait bientôt ce vice odieux qui empêche le pauvre de faire usage de son industrie et le fait croupir dans la paresse, la saleté et l’indigence la plus abjecte.

Comme je crois avoir parlé dans le cours de cet ouvrage de toutes les coutumes qui m’ont le plus frappées et qui diffèrent des manieres Anglaises, il me semble inutile d’en faire la récapitulation. Tous les comtés presque, ont quelques usages singuliers qui leur sont propres : cette diversité rend un voyage en Irlande, beaucoup plus amusant pour un observateur minutieux ; le voyageur en poste ne les pourrait pas