Page:Latocnaye promenade dans l irlande.djvu/97

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volontiers à diner, mais que l’on ne pourrait me donner un lit : cela m’embarrassa un peu, car je ne savais trop où diable je pourrais passer la nuit, mais enfin je m’en remis à la providence comme à mon ordinaire.

Le Marquis me fit asseoir près de lui, et me traita avec une politesse singuliere : après le diner il m’offrit son carrosse pour me conduire à l’auberge ; sa maison était pleine, il en était bien faché : je le remerciai de son offre, mais je ne crus pas devoir l’accepter ; on me donna un homme pour porter mon paquet, qui n’était autre que les hardes de route ; son fils même m’offrit quelqu’autre comodité en partant, que je refusai absolument, disant que je serais bien faché d’être à charge aux amis de feu Mr. Burton Connyngham. Après avoir barbotté dans la boue en escarpins et en bas de soie blancs pendant deux ou trois milles, j’arrivai , à l’auberge, vers les dix heures et demie. Je me présentai,je demandai un lit, un vilain mâtou de domestique me dit rudement, qu’il n’y en avait point à me donner. J’arrachai alors mon paquet des mains du garçon de Mylord, en lui disant de rapporter à son maitre que l’on m’avait refusé un lit dans son auberge, et je m’en fus en courant ; au nom du Marquis, voilà toute la maison sans dessus dessous ; on me courut après, on me pria, on m’engagea de retourner, I would rather pass the night in Hell, leur dis-je et je les envoyai proprement à tous les diables.

Au coin d’un mur je remis mes habits de voyage, avec l’intention de me rendre à Waterford, quoiqu’il fut alors près de onze heurs de soir. Cela me donna le temps de