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LES RÉVEILS

Venez ! sur un flocon nous dresserons nos tentes,
Près de la foudre, au pied de ces Babels flottantes.

Si l’ondine des mers, si l’étoile des cieux,
Nous sourit de cet air tendre et délicieux
Qui donne le vertige aux âmes solitaires,
Lasse de notre monde et cherchant d’autres terres,
Soit en haut, soit en bas, comme un songe qui fond,
Nous plongerons alors dans l’abîme profond.

Accourez, visions ! Fussent-elles placées
Sur des créneaux de neige, : à moi vos fleurs glacées !
Spectre, à moi tes baisers ! nuages et vapeurs,
Prenez-moi, couchez-moi dans vos lâches torpeurs !
Plus de soleil ! Entrons dans ce inonde où l’on erre
Sous le flambeau blafard du cadavre lunaire.