Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/297

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se prennent par la main, et se retirent du salon, ayant soin de ne presser le parquet d’ébène que de la pointe des pieds. Je suis certain qu’ils ne s’amuseront pas, et qu’ils se promèneront avec gravité dans les allées de platanes. Leur intelligence est précoce. Tant mieux pour eux. « …Soins inutiles, je te berce dans mes bras, et tu es insensible à mes supplications. Voudrais-tu relever la tête ? J’embrasserai tes genoux, s’il le faut. Mais non… elle retombe inerte. » — « Mon doux maître, si tu le permets à ton esclave, je vais chercher dans mon appartement un flacon rempli d’essence de térébenthine, et dont je me sers habituellement quand la migraine envahit mes tempes, après être revenue du théâtre, ou lorsque la lecture d’une narration émouvante, consignée dans les annales britanniques de la chevaleresque histoire de nos ancêtres, jette ma pensée rêveuse dans les tourbières de l’assoupissement. » — « Femme, je ne t’avais pas donné la parole, et tu n’avais pas le droit de la prendre. Depuis notre légitime union, aucun nuage n’est venu s’interposer entre nous. Je suis content de toi, je n’ai jamais eu de reproches à te faire : et réciproquement. Va chercher dans ton appartement un flacon rempli d’essence de térébenthine. Je sais qu’il s’en trouve un dans les tiroirs de ta commode, et tu ne viendras pas me l’apprendre. Dépêche-toi de franchir les degrés de l’escalier en spirale, et reviens me trouver avec un visage content. »