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est le volcan de la Soufrière, soutenu par des mornes formés de matières vomies de son sein, placé à l’extrémité méridionale de la chaîne et au centre de cette partie de l’île. La contrée plus immédiatement soumise à son action présente partout des pentes s’inclinant brusquement vers la mer, singulièrement hachées, entrecoupées détroits et profonds torrents dont les eaux, en déchirant la terre, ont entraîné d’énormes masses de rochers et des débris de produits volcaniques.

Les premiers navigateurs donnaient à la Soufrière une hauteur d’environ 4, 818 pieds ou 1,600 mètres ; Humboldt fixait son élévation à 4,840 pieds ; M. Daniau, en 1796, trouvait 4,794 pieds ; l’annuaire de I’Observatoire de Paris donne au volcan 4,794 pieds ou 1,559 mètres. Ces différences proviennent, sans doute, de la chute des pitons et des affaissements produits dans la croûte des plateaux. Cette montagne de feu est située a trois lieues environ des côtes de la mer ; elle occupe le milieu de la partie méridionale de l’île. Le nom de Soufrière lui vient de la grande quantité de soufre que l’on y trouve ; ce gouffre se sublime naturellement par la chaleur souterraine et se trouve en si grande abondance, qu’il paraît inépuisable. Le chemin qui conduit au sommet de cette montagne est très difficile ; on rencontre partout des débris du volcan, pierres calcinées, pierre ponce, sources d’eaux chaudes, alun, etc. Le terrain ressemble au résidu de la distillerie du vitriol.

Par ses éruptions assez fréquentes et terribles, le volcan de la Soufrière a causé de grands désastres à la Guadeloupe, au sujet desquels M. Jules Ballet se livre à de longues et intéressantes descriptions ; mais nous sommes sur le terrain de l’agriculture, et il ne paraît pas utile d’entrer dans les détails de ces catastrophes effrayantes.

Quoi qu’il en soit, le Père du Tertre avoue ingénument qu’il n’y a point de terre dans le monde qui soit plus utilement, plus richement et plus agréablement arrosée de belles et bonnes eaux que l’île de la Guadeloupe, car, dans sa petite circonférence, elle a plus de cinquante rivières qui se dégagent dans la mer, desquelles plusieurs, principalement celles qui sont dans les culs de sac, peuvent porter bateau une lieue, deux lieues, jusqu’à trois lieues dans les terres. Il existe, outre cela, des milliers de belles fontaines qui coulent des rochers, sortent de la terre et vont se perdre dans les grandes rivières, après avoir agréablement serpenté en mille endroits. Ce sont des eaux de roche que l’on peut boire en grande quantité, sans avoir à redouter aucun mal.

M. Jules Ballet fait l’histoire politique de la Guadeloupe, et peint toutes les phases de l’existence de cette colonie avec des couleurs vives.

Hugues avait complètement républicanisé le port de la Liberté où l’échafaud battait monnaie. La cite jacobine n’avait que des appellations jacobines. La révolution n’avait respecté que deux noms : les rues de l’Ancien-Canal et de l’Hôpital n’avaient pas été changées. La place du Marché, au milieu de laquelle