Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne s’y montra pas ; les cris de joie l’attristaient…

Et là sans doute finissaient les souvenirs heureux, pour faire place à des pensées qui étreignaient cruellement la jeune fille endormie ; car sa respiration devenait haletante, son sein se soulevait par bonds inégaux, et sa main se crispait comme si elle eût voulu repousser avec force l’agression d’un ennemi. Ses doigts en effet rencontrèrent un obstacle. Élisabeth se réveilla en sursaut et aperçut le gros chien de la ferme, qui semblait trouver, à lui passer la langue sur le visage, le plaisir que prend un enfant gourmand à lécher un bouquet de fraises.

— Tu ne te gênes pas, mon bon Fidèle, dit Élisabeth en s’amusant à mêler ses doigts dans les poils soyeux du chien. Au surplus, tu m’as rendu un véritable service en me réveillant ; car je rêvais des choses bien tristes !… Ah ! tu regardes de côté ?… Ton maître ne doit pas être loin. En effet, le voilà.

La jeune fille se leva et repoussa doucement le chien, qui s’en alla rejoindre son maître pour le précéder de nouveau en aboyant joyeusement. Elle attacha l’extrémité de son tablier à sa ceinture et alla prendre une des cannes à lait