Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/277

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vérité ? Les déguisements sont bons pour des chagrins d’enfant ; mais, quand toutes les cordes de la douleur ont vibré en nous, il n’est plus possible d’être hypocrite envers soi-même.

Élisabeth pleura amèrement ; mais, après le premier tumulte de ses passions, elle examina plus sérieusement la conduite de la fermière ; elle s’avoua que la plupart des mères eussent agi comme sa maîtresse. Elle se trouvait même des torts, sans pouvoir toutefois excuser les brutalités et surtout l’arrogance de la fermière. Car ce qu’on pardonne le plus difficilement chez les autres, ce sont moins les mauvais traitements que l’orgueil immodéré qui cherche à nous humilier. Élisabeth était arrivée à cet état d’abattement physique où l’âme, se détachant de la terre, se rapproche du ciel par la prière. Alors ses larmes coulèrent moins brûlantes ; ses soupirs ne déchirèrent plus sa poitrine et l’indulgence entra dans son cœur.

Pleine de résignation, elle se leva pour commencer ses préparatifs de départ. Au même instant on frappa à la porte de sa petite chambre.

— Entrez, dit-elle.