Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/33

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— Rassurez-vous, citoyen, dit-il à voix basse au jeune prêtre, et gardez-vous bien de jeter l’alarme dans le voisinage. Je n’en veux ni à votre bourse, ni à votre vie.

— Vous avez pourtant, monsieur, une manière de vous présenter…

— Qui peut donner de moi la plus fâcheuse idée, reprit le voleur présumé en achevant la pensée de son interlocuteur. Les apparences sont contre moi, je le sais ; et cependant je ne me suis introduit chez vous que dans l’intention de vous être utile.

— Je vous en suis reconnaissant ! répliqua le proscrit avec une froide ironie.

— On m’avait chargé de vous espionner…

— Vous faites-là un joli métier, monsieur ! interrompit le prêtre, en ramenant avec soin autour de lui les plis de son manteau.

— Croyez bien que c’est par patriotisme…

— Vous ne me l’auriez pas dit que je l’eusse deviné ! interrompit encore le prêtre.

— Vous avez tort de me persifler, citoyen, répliqua l’homme du peuple avec un accent ferme et digne, qui parut impressionner son interlocuteur, car il l’écouta cette fois avec un religieux silence. Je vous rends un vrai service,