Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tu persistes encore dans ton projet ? lui demanda le président.

— Oui ! répondit Dominique avec assurance.

— Tu es bien maître de ta raison ?

— Oui.

— Mais, reprit l’officier de l’état civil, as-tu réfléchi sérieusement à cette entreprise ? Tu peux te tuer ?

— Je le sais ! répondit le vieillard avec un admirable sang-froid.

Sa voix était ferme, son front rayonnait, son œil était étincelant.

Personne ne songea plus à rire. Le vieux domestique avait tiré ce mot-là du fond de son cœur ; et la foule n’est jamais insensible à la véritable éloquence. Cependant si Dominique avait captivé l’attention du président et des membres du District, la position nouvelle qu’il venait de se faire n’était pas sans danger. On voulut savoir le motif de sa détermination ; et son interrogatoire commença. A toutes les questions qui lui furent posées, il ne sut répondre que ces seuls mots :

— Je veux sauver mon maître !

Le président s’impatienta.

— Tonnerre ! s’écria-t-il en frappant du poing