Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/89

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— Il paraît, mon drôle, lui dit le garde-côte, que tu comprends bien le français ?

— Aussi bien que vous le parlez, répondit l’étranger sans le moindre accent ; et c’est pour cela que j’ai cru devoir vous obéir. J’ai deviné que j’avais affaire à un ami.

— Tu es donc un de mes compatriotes ?

— Mieux que cela, un de tes parents. Je t’ai reconnu à la voix. Si tu es moins habile ou plus défiant que moi, approche et regarde. Je suis sans armes.

Le sergent examina l’homme de plus près.

— C’est toi, Baptiste ! s’écria-t-il avec joie.

— Oui, c’est moi, ton frère !

— On m’avait assuré que l’ennemi t’avait fait prisonnier.

— On ne t’avait pas trompé. Avant-hier, dans une descente qu’ils ont faite sur la côte de Colleville, les Anglais ont enlevé quatre garde-côtes, ton serviteur et un autre soldat du régiment de Forez.

— Comment te trouves-tu ici ?

— Par cette raison bien simple qu’il y a deux jours, j’étais fait prisonnier, et qu’aujourd’hui je suis libre.