Page:Laveaux - Dictionnaire du langage vicieux, 1835.djvu/38

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AIR ( Avoir l’ ).

LOCUT. VIC.

Cette femme a l’air douce.

LOCUT. CORR.

Cette femme a l’air doux.

La locution avoir l’air n’étant pas un verbe, il nous semble tout-à-fait ridicule de vouloir faire accorder l’adjectif doux avec le substantif femme, quand il doit réellement être accordé avec le substantif air. Nous ajouterons qu’on devrait toujours éviter avec soin d’employer la locution avoir l’air en parlant de choses, comme dans ces phrases : cette poire a l’air mûr, cette maison a l’air neuf. Il faut dire : cette poire paraît mûre, cette maison paraît neuve.

Nous devons sur ce sujet à Philipon de la Madelaine une opinion que nous avons trouvée tout-à-fait concluante. La voici :

« L’adjectif ou le participe qui suit le mot air s’accorde avec le substantif, et ne prend jamais que le genre masculin, quelque application que l’on en fasse. Ainsi il faut dire : Cette femme a l’air satisfait; cette fille a l’air ingénu; cette actrice a l’air embarrassé, etc. Il serait même d’autant moins convenable de faire accorder avec la personne les adjectifs satisfait, ingénu, etc. que souvent la personne n’est ni satisfaite, ni ingénue, et qu’elle n’en a que l’air ou l’apparence. Donc c’est à cet air seul que l’adjectif doit se rapporter.

(Gram. des Gens du monde.) »

AIRER.

LOCUT. VIC.

Il faut airer cet appartement.

LOCUT. CORR.

Il faut aérer cet appartement.

Autrefois on disait en français aer pour air, comme on le voit par les vers su