Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/238

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motif, je ne mène aucun étranger dans ce pays. Si vous aimez à vivre, descendez vite de ma barque sur le rivage. »

— « N’agissez pas ainsi, dit Hagene, mon cœur en est attristé. Acceptez de ma main, par amitié, cet or très pur et passez à l’autre bord nos mille chevaux et autant d’hommes. » Le farouche nautonnier reprit : — « Non, jamais je ne le ferai. »

À ces mots il leva une forte rame large et pesante et frappa sur Hagene, qui, du coup, tomba sur ses genoux au fond de la barque : il en éprouva grande douleur. Jamais le héros de Troneje n’avait rencontré si féroce batelier.

La fureur de celui-ci redoubla contre l’orgueilleux étranger. Il asséna sur la tête de Hagene un coup de son aviron avec tant de force, qu’il le brisa en éclats. C’était un homme fort ; mais il devait en arriver malheur au batelier d’Else.

Plein de colère, Hagene saisit promptement le fourreau de son épée et en tire la bonne lame ; il lui abat la tête et la jette à terre. Bientôt les Burgondes apprirent ce qui venait d’arriver.

Au moment où il frappa le batelier, la barque fut emportée par le courant, ce qui le dépita fortement. Avant qu’il parvint à la ramener, il sentit la fatigue. C’est qu’il employait toutes ses forces, l’homme du roi Gunther.

Il ramait à coups si précipités, que la forte rame se rompit dans ses mains. Il voulait arriver jusqu’aux guerriers qui se trouvaient sur le bord. Mais il n’y avait point d’autre rame ; il lia les débris en hâte, Avec une courroie de bouclier, qui était un cordon