Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/306

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Etzel était brave, et saisit son bouclier : — « Soyez prudent, dit dame Kriemhilt, offrez plutôt aux guerriers de l’or, plein votre bouclier ; car si Hagene vous atteint, vous êtes un homme mort.

Le roi était si brave qu’il ne voulait point reculer, ainsi que le font souvent de riches princes de nos jours. On dut l’entrainer de ce lieu, en saisissant les courroies de son bouclier. Hagene, le farouche, commença de le railler.

— « C’est à coup sûr une parenté éloignée qui unit Etzel à Siegfrid. Il aima Kriemhilt avant que jamais vous l’ayez vue. Pourquoi donc, ô roi sans courage, as-tu comploté contre moi ? »

La femme du noble roi entendit ce discours. La colère de Kriemhilt fut grande qu’on osât ainsi se moquer d’elle en présence des hommes d’Etzel, et elle reprit ses machinations contre les étrangers.

Elle dit : — « Celui qui tuera Hagene et qui m’apportera ici sa tête, recevra de l’or rouge plein le bouclier d’Etzel. Et je lui donnerai en outre pour récompense de bons burgs et des terres. »

— « Je ne sais pas pourquoi ils tardent tant, dit le ménestrel, jamais je ne vis guerriers se conduire si lâchement, quand on leur offrait une si grande récompense. Pour ce motif, jamais le roi ne doit leur rendre sa faveur. »

Etzel, le très puissant, était dans l’angoisse et dans l’affliction. Il pleurait amèrement ses parents et ses fidèles qui avaient été tués. Des guerriers très valeureux de maints pays se tenaient à ses côtés et pleuraient avec le roi sur ses grandes infortunes.

— « Je vois là-bas rester lâchement immobiles, maintes gens qui mangent honteusement le pain du roi et qui