Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/335

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grande perte, que jamais nous ne la réparerons, et leurs gens et leurs pays non plus. Maintenant, que les guerriers de Ruedigêr en portent la peine. »

De part et d’autre, il n’y eut plus de merci. Beaucoup, tombés sans blessures, auraient pu facilement échapper. Mais telle était la presse, en cette mêlée, que sans être atteints, ils se noyaient dans le sang.

— « Hélas ! mon frère est tué en ce jour ! Ah ! le malheur nous frappe de tous côtés. Je regretterai toujours le noble Ruedigêr. La perte est pour les deux partis, et notre affliction est immense. »

Quand le jeune Gîselher vit son frère mort, il réduisit ceux qui étaient entrés dans la salle à une suprême détresse. La mort recueillait en hâte ceux qui lui étaient dévoués. Pas un de ceux de Bechelâren n’en réchappa.

Gunther et Gîselher, ainsi que Hagene, Dancwart et Volkêr, ces bonnes épées, vinrent là où les deux hommes étaient étendus, et ces héros se prirent à pleurer.

— « La mort nous frappe cruellement, dit Gîselher, le jeune. Maintenant, cessons de pleurer et exposons-nous au vent, afin que, fatigués du combat, nous puissions rafraîchir nos cottes de mailles. Je crains que Dieu ne nous laisse plus longtemps la vie. »

Les guerriers étaient épuisés ; les uns s’assirent, les autres s’appuyèrent sur leurs boucliers. Les héros de Ruedigêr gisaient à terre morts. Le bruit du combat était apaise. Le silence dura si longtemps qu’Etzel s’en irrita.

— « Malheur ! s’écria la femme du roi, Ruedigêr ne nous a pas servis assez fidèlement, pour faire tomber nos ennemis sous ses coups. Il leur permettra de rentrer au pays des Burgondes.