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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/100

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de ses fonctions, le masque sévère, il se gourmait dans une attitude quasi-officielle, dominatrice, pontifiant et très poseur même, de l’avis de ses subordonnés. Distraitement, sa main fine et ornée d’une bague promenait dans la moustache et dans la barbe un peigne en écaille blonde.

Enfin il laissa, d’un air satisfait, tomber de sa bouche très rouge, bien meublée de dents blanches, ces simples mots :

— Messieurs, je déclare la séance ouverte.

On élut, à mains levées, un vice-président et un secrétaire. Après les préliminaires habituels, l’inspecteur, ayant consulté sa montre, ajouta :

— À cause de leur éloignement et des communications difficiles, plusieurs d’entre vous n’ont pu se rendre assez tôt pour que la conférence eût lieu de meilleure heure. La matinée est déjà avancée. Nous remettrons donc à la séance de ce soir la lecture et la discussion des mémoires traitant le sujet proposé. Pour employer le temps qui nous reste jusqu’à midi, nous allons commencer par la leçon pratique.

Sur-le-champ, on procède au tirage au sort. Une courte émotion fait légèrement pâlir les institutrices, qui, pour la plupart, appréhendent d’avoir à parler devant leurs collègues barbus et d’être exposées à leurs critiques et à celles de leur chef.

Là-bas, dans son coin, Coste n’est pas le moins ému. Comme pour conjurer le sort, il baisse la tête davantage. Tout à coup, il frissonne des pieds à la nuque, puis blêmit affreusement, sentant un coup sourd au cœur et son sang s’arrête. Son nom vient d’être appelé. Autour de lui, les plus craintifs poussent comme un soupir de soulagement. Tranquillisées et ravies, les institutrices chuchotent entre elles.

— Je suis heureux, — dit l’inspecteur, — que le sort ait désigné un nouveau venu parmi nous. Je prie M. Coste de s’avancer.