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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/133

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n'osaient s'assurer de la somme qu'il contenait, se plaisaient à en évaluer à peu près le chiffre.

— Il y a pour le moins cinq cents francs, — dit Jean tout à sa joie.

Ses yeux brillaient de convoitise et il riait doucement, Louise aussi, ravis. Ils respiraient avec délices comme si du bonheur coulait dans leurs veines.

Brusquement, Coste délia la ficelle, se baissa et renversa le contenu du sac sur un mouchoir étalé. Des pièces d'or de cinq, de dix et de vingt francs, mêlées à des écus, à de menues pièces d'argent et à pas mal de gros et de petits sous, —les économies des paysans — ruisselèrent, roulèrent, rayonnèrent dans la chambre.

Rose et Paul s'étaient accroupis autour du tas de monnaie et criaient en tapant dans leurs menottes, les yeux écarquillés :

— Que de sous, pérotte!... que de sous, mérotte !

Tous y plongeaient les mains avec ravissement, croyant avoir une fortune devant eux. Après avoir éparpillé le tas sur le mouchoir et s'être assez délecté les yeux, Jean se mit à compter le tout, par piles.

— Diable! pas possible ! — dit-il enfin, le front plissé de déconvenue, — j'aurais cru qu'il y avait davantage... Rien que deux cent cinquante-deux francs et quelques misérables sous.

— Ne t'es-tu pas trompé?

— Voyons...

Non, c'était bien le compte exact. Ils eurent une moue de désappointement.

Mais aussitôt Jean eut honte de sa cupidité. Il pensa à toutes les privations que représentait cet argent, à toutes les économies que sa mère avait dû faire, sou par sou, après la mort du père Coste, sur le mince salaire de ses pénibles travaux champêtres.