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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/187

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— Dis-lui qu’il me donne une poupée ! — ajouta la fillette, en tapant ses menottes.

Jean prit quelques sous et courut acheter dans une baraque installée, ce jour-là, sur la grand’route, des bonbons et de pauvres jouets.

À son retour, la joie des enfants fut sans bornes, surtout après le désappointement du réveil.

— Tu l’as vu, petit père ?

— Oui, là-bas sur la route, et il m’a donné ceci pour vous.

Rose, radieuse, pressait éperdument sur son sein une minuscule poupée de carton colorié. Paul, tenant dans ses doigts un cheval grossièrement découpé dans un morceau de bois, peint en rouge éclatant, criait, claquant de la langue et faisant le geste de lancer un coup de fouet imaginaire :

— Hue donc, cheval… au trot ! au galop !

Et devant la joie énorme de ces chères créaturettes, Jean s’enfuit, retenant un sanglot.


XXX


La santé de Louise exigeait toujours des soins coûteux une alimentation choisie. Avec ses ressources dérisoires et ses dépenses nombreuses, Coste voyait, chaque mois, s’enfler particulièrement le chiffre de sa dette chez le boucher.

Or, afin que ses enfants n’allassent pas pieds nus et les vêtements en lambeaux, afin de renouveler ses propres habits qui tombaient en floches et prenaient un aspect de guenilles, il advint que Jean pendant plusieurs mois ne put donner que de très petites sommes à ses fournisseurs. Ceux-ci se fâchèrent. Le boucher montra les dents et menaça d’une