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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/32

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— C’est vrai… suis-je bête !

Il se débarbouillait ; il s’arrêta pour contempler Rose et Paul qui dormaient enlacés.

— Sont-ils mignons ! — murmura-t-il. — On dirait deux anges.

— Tu vas à l’école ? — dit Louise. — Je me lève, attends-moi.

— Mais non, repose-toi… tu es trop fatiguée… Je viendrai vous prendre tout à l’heure, toi et les petits.

— Non, j’ai hâte de voir notre nouveau logis… Tu ne vas pas faire classe, aujourd’hui ?…

— Oh ! l’école est fermée ; on ignore mon arrivée… personne ne viendra. Demain étant dimanche, ça nous fait deux jours pleins pour nous installer. C’est pourquoi tu ferais mieux de rester couchée. La voiture de déménagement n’arrivera pas avant dix heures…

— Mais non, je viens… Il faudra ouvrir, donner un coup de balai, tout nettoyer, tout préparer… Les enfants dérangeraient… Nous les confierons à la bonne, qui a l’air d’une brave fille… Tu as vu comme elle s’est offerte, hier, pour les déshabiller…

Elle enveloppa les enfants endormis d’un regard de tendresse.

— Ils sont si gentils, si beaux ! reprit-elle, avec un éclair d’orgueil dans les yeux.

— Nous en a-t-on fait des compliments, hier, dans la diligence… Petits chéris, sûr qu’ils dormiront jusqu’à midi.

En bas, ils trouvèrent la bonne à l’ouvrage.

— Soyez tranquille, madame, — leur dit-elle, — je m’occuperai de vos angelets… Je les lèverai et ils s’amuseront dans la cour par ce beau soleil.

Ils se firent indiquer l’école. Au dehors, le ciel était léger, l’air limpide et tiède, la rue toute lumineuse, dans la pureté rose et enfantine de ce matin ensoleillé, après une nuit de pluie. Les toits, les flaques de boue, les vitres des lucarnes