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Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/7

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JEAN COSTE


I

La pendule de la première classe marque dix heures. Le directeur de l’école, M. Largue, fait un signe. Aussitôt, un élève quitte son pupitre, sort, et va mettre en branle la cloche fêlée, appendue tout près d’un couloir, sorte de boyau étroit et sans jour, par lequel l’école de garçons, sise derrière la mairie de Peyras, communique avec le dehors.

À la voix cassée de la cloche répond un brouhaha joyeux. Le bourdonnement d’une ruche en éveil court au bas de la vétusté et branlante bâtisse dont le rez-de-chaussée, en contre-bas du sol de la hauteur d’une marche, comprend quatre classes en enfilade, sans air, aux murs lépreux et écaillés par l’humidité : école bien misérable pour une petite ville de sept à huit mille habitants, en ces temps de belles constructions scolaires.

De chaque salle, après un commandement bref du maître, arrive d’abord un bruit de tables et de bancs remués, puis un traînement confus de pieds qui bientôt, au claquement de mains des instituteurs, retombent en cadence. Et, au rythme de la marche alors célèbre, le Drapeau de la France, chantée par une centaine de voix claires et aiguës, les enfants débouchent dans le passage, étroit et bordé de mûriers, qui