Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/150

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vase est doué d’une force divine et miraculeuse, qu’une colombe, descendant des célestes régions, vient renouveler une fois l’an : ce vase, c’est le Saint-Graal.

Quiconque est élu son gardien reçoit par ce fait même un pouvoir surnaturel, mais à la condition expresse qu’il ne laisse pénétrer son secret par aucun être humain ; car, aussitôt sa qualité connue, s’il restait au milieu des hommes, il serait déchu de sa force et de sa puissance ; donc ce qui obligeait le héros à cacher si rigoureusement son origine, c’est qu’il est l’un des serviteurs du Graal. Son père, Parsifal[1], est le prince de ces chevaliers, à la légion glorieuse desquels il appartient, lui, Lohengrin.

À ce nom prononcé pour la première fois, toute l’assistance se sent envahie par un saint respect ; Elsa succombe sous l’empire de l’émotion, et Lohengrin, la retenant dans ses bras, lui fait de tendres et douloureux adieux. C’est en vain que l’infortunée, comprenant alors toute l’étendue de sa faute, veut retenir son époux bien-aimé et lui offre de racheter sa malheureuse curiosité par la plus dure des expiations ; c’est en vain aussi que le souverain et les guerriers conjurent le chevalier de rester à la tête de leurs armes : Lohengrin doit partir. Déjà le Graal s’irrite d’une si longue absence ; mais, avant de s’éloigner, il veut laisser une promesse consolatrice au monarque qui l’a accueilli avec une si noble confiance, et il lui annonce solennellement que plus jamais le sol allemand n’aura à subir la honte de l’invasion barbare. C’est à la pureté de leur souverain que les vassaux de Henri devront ce bonheur.

Tout à coup une clameur partant des bords du fleuve

  1. Tout comme les Templiers, les Chevaliers du Saint-Graal faisaient vœu de chasteté et de célibat. Seul leur Grand-Maître, le Prêtre-Roi, en était relevé, afin de perpétuer la dynastie.