Il faut les accepter ici, non tels que la tradition nous les rapporte, mais selon la conception propre au poème de Wagner, et avec le caractère qu’il attribue à chacun d’eux.
Ce n’est à vrai dire ni la mythologie du Nord, ni celle
du Rhin. — C’est la mythologie wagnérienne, tout
comme la religion du Graal, que nous avons entrevue
dans « Lohengrin », et que nous retrouverons dans
« Parsifal », n’est pas la religion chrétienne, mais un culte
spécial sorti du cerveau de Wagner, avec l’aide de
quelques légendes également poétisées et transformées.
L’OR DU RHIN
Scène i. — L’action du premier tableau de ce prologue se passe dans les profondeurs du Rhin, parmi les eaux verdâtres et limpides, les rochers et les cavernes.
Les trois Ondines, ou Nixes, filles du Rhin, folâtrent au milieu des flots tout en gardant le précieux trésor, l’Or pur, qui leur fut confié par le fleuve.
Alberich, le plus astucieux, le plus avide et le plus hideux des Nibelungs, sortes de gnomes ou nains repoussants, habitant, dans les entrailles de la terre, le noir royaume de Nibelheim, Alberich s’est glissé dans l’humide demeure, et, plein de désirs voluptueux, voudrait séduire les nymphes ; tour à tour elles l’attirent par de trompeuses promesses, puis se moquent de lui ; mais elles lui révèlent, par leurs bavardages, la magie du dépôt dont elles ont la garde : l’Or du Rhin, forgé en anneau par l’audacieux qui saura s’en rendre maître, donnera à son possesseur un pouvoir illimité sur tout l’univers, car il sera plus puissant que les dieux mêmes, mais à la dure et formelle condition de renoncer à tout jamais à l’amour.
Le gnome, rendu furieux par les refus narquois des