Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/209

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le maître du logis se fait entendre au dehors ; il paraît sur le seuil de la chaumière ; surpris de la présence de l’étranger, il interroge Sieglinde du regard. Renseigné par elle, il demande à son hôte de lui dire son odyssée et le fait asseoir avec eux à sa table. Une chose le frappe pendant le récit de l’inconnu : c’est la ressemblance qui existe entre sa femme et le nouveau venu.

Celui-ci leur raconte alors sa vie, qui semble vouée au malheur. Son enfance s’était écoulée heureuse entre son père, qui avait nom Wälse (le loup), sa mère et une sœur jumelle. Mais un jour, au retour de la chasse, son père et lui trouvèrent leur habitation réduite en cendres et la mère assassinée ; quant à sa jeune sœur, nul ne put jamais en retrouver la trace. Les auteurs de ce forfait étaient les Neidings, fils de la haine et de l’envie. À partir de ce moment, son père et lui errèrent dans la forêt jusqu’au jour où le vieillard, traqué lui-même par leurs ennemis, disparut à son tour.

Lui, poursuivi sans cesse par la destinée, ce qui l’a fait surnommer Wehwalt (qui cause le malheur), repoussé de tous, sans armes, vient enfin d’éprouver un dernier échec en voulant affranchir une jeune femme sans défense que les siens allaient livrer à un fiancé détesté ; il a vu sa protégée mourir sous ses yeux, tandis que lui, accablé par le nombre, a dû renoncer à la lutte.

Dès les premières paroles de ce récit, que Sieglinde a écouté avec une émotion profonde, Hunding reconnaît dans le fugitif un adversaire de sa race que les siens venaient justement de l’appeler à combattre ; il lui accordera néanmoins l’hospitalité pour la nuit, mais le provoquera dès l’aube prochaine pour une lutte sans merci. Il se retire menaçant et ordonne à son épouse de le suivre, après lui avoir préparé sa boisson du soir. Sieglinde,