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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

lez-vous me donner ce qu’il vous en reste, afin que ma fille le boive l’année prochaine ? »

Ce qui fut fait.

Gravement, madame Samper tira une dernière fois les deux petites bouteilles de son sac, les regarda avec tendresse, et d’un beau geste, les donna généreusement à son ennemie.

Les deux femmes échangèrent une noble révérence, et ne se revirent plus jamais.



— « Com’ça, M’ame Chaulard, vous v’là heureuse enfin ; votre demoiselle en a fini avec cette f… baraque !

— Ah ! oui, c’est un bon débarras ; mais on sait ce que ça coûte ; monsieur Chaulard et moi nous en sommes pour nos mille francs ! Enfin !… ça vaut bien ça ; c’est pas la mère Lizière qui sera jamais fichue de faire cette dépense-là, et pourtant ils sont plus riches que nous, les Lizière, mais ils sont pingres, v’là, et alors leur petite Aglaé n’aura jamais son prix, c’est moi qui vous le dis ; ça les regarde. »

Tel est le dialogue que surprit un jour, dans un couloir sombre (tous nos couloirs sont sombres), la mère Samper, un des plus beaux spécimens qui ait jamais existé du type ragotier qu’on croit à tort, dans le public, le seul type des mamans du Conservatoire, peut-être parce que c’est le plus fréquent.

Une heure après, elle le répétait à toutes les mamans réunies dans la salle d’attente, qui à leur tour s’empressaient de