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  Du Calorique. 5

la sensation que nous appellons chaleur, étant l’effet de l’accumulation de cette substance, on ne peut pas, dans un langage rigoureux, la désigner par le nom de chaleur ; parce que la même dénomination ne peut pas exprimer la cause & l’effet. C’est ce qui m’avoit déterminé, dans le Mémoire que j’ai publié en 1777, (Recueil de l’Académie, page 420), à la désigner sous le nom de fluide igné & de matière de la chaleur. Depuis, dans le travail que nous avons fait en commun M. de Morveau, M. Berthollet, M. de Fourcroy & moi, sur la réforme du langage chimique, nous avons cru devoir bannir ces périphrases qui allongent le discours, qui le rendent plus traînant, moins précis, moins clair, & qui souvent même ne comportent pas des idées suffisamment justes. Nous avons en conséquence désigné la cause de la chaleur, le fluide éminemment élastique qui la produit, par le nom de calorique. Indépendamment de ce que cette expression remplit notre objet dans le système que nous avons adopté, elle a encore un autre avantage, c’est de pouvoir s’adapter à toutes sortes d’opinions ; puisque rigoureusement parlant, nous ne sommes pas même obligés de supposer que le calorique soit une matière réelle ; il suffit, comme on le sentira mieux par la lecture de ce qui