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PRÉFACE




Il m’a paru bon de réunir les articles que j’ai publiés dans le Voltaire sur l’antisémitisme et sur celui qui prétend en être le chef. J’ai rappelé en même temps les circonstances qui ont provoqué la polémique dont on connaît l’issue. En lisant cela, on verra comment un Juif a entendu la discussion, et comment un Français de France, catholique, a su y répondre. L’opinion publique jugera. Elle dira de quel côté a été la courtoisie, l’urbanité, le respect de soi-même, la logique et la raison. Si toutefois on trouve légitime que les injures soient la seule réplique à des arguments, je ne m’inclinerai pas devant un tel verdict. Je protesterai toujours contre des mœurs, qui tendent à rendre impossibles, entre adversaires, tous rapports, autres que des rapports brutaux, et contre des procédés que je n’estime dignes ni de penseurs, ni d’écrivains.

Je pourrais me borner à ces déclarations préliminaires et les considérer comme une suffisante préface aux articles dont je viens de parler, mais le titre que j’ai donné à cette brochure me fait un devoir d’exposer d’une façon plus précise ma pensée sur l’antisémitisme.

Je l’ai dit, M. Drumont n’est pas tout l’antisémitisme. Quelques-uns considèrent qu’il en a écrit l’évangile, mettons donc qu’il en soit le Marc ou le Luc, mais il n’en est pas la cause, il en est « un écho et peut-être un instrument ». Le combattre personnellement est insuffisant, d’autant plus insuffisant que cet homme à courte vue ignore les vraies raisons et les mobiles réels du mouvement qu’il prétend repré-