Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/187

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architecte italien, pour la duchesse de Bourbon. Il fut continué par Lassurance, et successivement augmenté par Gabriel Barreau, Charpentier et Bélisart. Aux constructions nouvelles, on réunit l’hôtel de Lassai, de manière à ne former qu’un ensemble de bâtiments dans lesquels les princes de la maison de Condé rassemblèrent ce que le luxe produisait de plus somptueux et de plus élégant. Malheureusement, l’extérieur de cette habitation ne répondait pas à la richesse des appartements. La façade qui regarde la Seine se composait de deux pavillons en longueur, symétriques par la dimension seulement, et formés chacun d’un simple rez-de-chaussée. Cette composition était sans grandeur, et devint plus mesquine encore, lorsque Louis XVI eut fait bâtir le pont qui porte aujourd’hui le nom de la Concorde. On avait été obligé d’exhausser le terrain, et la façade entière du palais se trouva masquée dans son soubassement et parut de loin comme enterrée. Le prince de Condé se proposait de faire disparaître ces défauts, lorsque la révolution mit la main sur son palais. — « Convention Nationale. Séance du 27 ventôse an II. — La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, décrète : — Article 1er. Les citoyens Fleuriot-Lescaut, Dejean et Le Camus sont nommés pour remplir les fonctions de commissaires des travaux publics. — Art. 2. Le palais ci-devant de Bourbon, appelé Maison de la Révolution, est consacré à la commission des travaux publics. »

Ce palais devait subir de nouvelles transformations. Un Directoire exécutif, deux conseils, l’un des Anciens, l’autre des Cinq-Cents, avaient été créés par la constitution de l’an III. Le Directoire exécutif occupa l’hôtel du Petit-Luxembourg, le conseil des Anciens s’établit aux Tuileries dans la pièce où la Convention avait siégé, et le conseil des Cinq-Cents pris possession de la salle dite du Manège. Les Cinq-Cents quittèrent bientôt ce local et vinrent habiter le palais de Bourbon. La salle d’assemblée avait été construite par MM. Gisors et Lecomte. En 1807, on éleva sur les dessins de M. Poyet, le magnifique péristyle que nous voyons encore aujourd’hui.

Après 1814, le prince de Condé rentrait en possession de ses biens. Vers 1827, il vendit à l’État une partie de sa propriété du quai d’Orsay. En 1828, on commença la reconstruction de ce palais. Presque tous les planchers des voûtes, et principalement la coupole de la salle des séances, ont été établis en fer et en poteries creuses. Les couvertures sont en cuivre. Ces travaux ont occasionné une dépense de 4 420 000 fr. Enfin une loi du 30 juin 1843 approuva la vente faite par S. A. R. le duc d’Aumale au profit de l’État, moyennant le prix de 5 047 475 fr., de toutes les portions de l’ancien palais de Bourbon, appartenant au prince comme héritier du dernier des Condé. Il a été pourvu à cette dépense au moyen du prélèvement d’une somme égale, due au domaine de l’État par le duc d’Aumale, comme engagiste des forêts du Clermontois.

Dervilliers (rue).

Commence à la rue du Champ-de-l’Alouette, no 2 ; finit à la rue des Anglaises, nos 1 bis et 3. Pas de numéro. Sa longueur est de 39 m. 50 c. — 12e arrondissement, quartier Saint-Marcel.

Quelques actes la désignent sous les dénominations de ruelle ou petite rue des Filles-Anglaises et de petite rue Saint-Jean-de-Latran. Elle a pris son nom actuel d’un propriétaire qui l’habitait en 1780. — Une décision ministérielle, à la date du 23 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m. Les constructions du côté droit, en entrant par la rue du Champ-de-l’Alouette, sont alignées ; celles du côté opposé sont soumises à un retranchement de 2 m. 60 c. — Conduite d’eau.

Desaix (quai).

Commence au pont Notre-Dame, finit au Pont-au-Change. Pas de construction. Sa longueur est de 137 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Le premier document qui se rattache à cette voie publique se trouve dans le testament du président Turgot. Nous rapportons un extrait de cette pièce. — « 22 avril 1763. Je donne et lègue la somme de cent mille livres une fois payée à l’hôtel-de-ville de Paris, et je prie MM. les prévôt des marchands et échevins de l’employer à la construction du quai projeté par mon père, qui doit prendre au bout du quai de l’Horloge et aboutir au pont Notre-Dame, vis-à-vis Saint-Denis de la Chartre. Signé le président Turgot. » (Extrait du testament olographe). — Dans sa séance du 4 mars 1774, le bureau de la ville délibérant sur le legs fait par M. le président Turgot, fut d’avis de ne point l’accepter, « attendu qu’il paraissait peu convenable à la dignité du corps de ville de la capitale du royaume, d’accepter le d. legs sans l’employer sur-le-champ à l’objet désigné ; que le bureau ne pouvait se dissimuler qu’il lui serait impossible d’ici à un très grand nombre d’années, de s’occuper de la construction du quai projeté par M. Turgot, lorsqu’il était prévôt des marchands, attendu que cette construction exigeait une dépense très considérable, non seulement pour les ouvrages de construction, mais encore pour les acquisitions de terrains et des maisons nécessaires à la formation de ce quai ; que les affaires de la ville ne lui permettaient pas d’ici à très longtemps de faire une pareille dépense, et que d’ailleurs, lorsque les dettes exigibles seraient payées, il était d’une bonne administration de mettre à fin les ouvrages entrepris pour la décoration et la commodité de ses habitants, etc. »

« Septembre 1786. — Article 3e. Il sera procédé à la démolition des maisons de la rue de la Pelleterie, sur le bord de la rivière, à la place desquelles maisons il sera édifié un nouveau quai avec un parapet