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Le nombre des Marranes, en Espagne, fut énorme. Dans presque toutes les familles espagnoles on trouve, à un point de la généalogie, le Juif ou le Maure ; « les maisons les plus nobles sont pleines de Juifs », disait-on[1], et le cardinal Mendoza y Bovadilla écrivit au seizième siècle un pamphlet sur les macules des lignages espagnols[2]. Il en fut ainsi partout, et nous avons constaté[3] par le nombre des apostats adversaires de leurs anciens coreligionnaires, que les Juifs furent accessibles à la séduction chrétienne.

Nous avons ainsi répondu à ceux qui affirment la pureté de la race aryenne ; nous avons indiqué que cette race fut, comme toutes les races, le produit d’innombrables mélanges. Sans parler des temps préhistoriques, nous avons fait voir que les conquêtes perses, macédoniennes et romaines aggravèrent la confusion ethnologique qui s’accrut encore en Europe au temps des invasions. Les races dites Indo-germaines, déjà chargées d’alluvions, se mêlèrent aux Tchoudes, aux Ongriens, aux Ouro-Altaïques. Ceux des Européens qui croient descendre en droite ligne des ancêtres aryas ne songent pas aux pays si divers que ces ancêtres traversèrent en leurs longs exodes, ni à toutes les peuplades qu’ils entraînèrent

  1. Centinela contra Judios.
  2. Francisco Mendoza y Bovadilla. El Tizon de la Nobleza Espanola o maculas y sambenitos de sus Linajes, Barcelone, 1880 (Bibliotheca de obras raras). — Voir aussi Llorente : Histoire de l’Inquisition (Paris, 1817).
  3. Chap. VII.