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PATRIOTISME

poussant un long soupir, voici la côte à Boisvert.

Les autres relevèrent la tête et sourirent.

— Si nos pauvres amis étaient avec nous ! reprit Marcel.

— Ils n’ont pas eu notre bonheur, répondit une voix.

Ils descendirent la côte et s’arrêtèrent un moment sur le pont, comme ils faisaient enfants, pour regarder, appuyés au garde-fou, l’eau noire qui passait toujours. Tout à coup ils entendirent une clameur. Un moment après retentit, sur la route, le galop d’un cheval emporté. En face d’eux la côte s’élevait dénudée, à cause d’un éboulis qui s’était fait pendant le dégel du printemps, et le chemin longeait l’arête de la falaise avant de s’enfoncer, par la spirale sablonneuse, jusqu’au petit pont du ruisseau.

Un attelage passa, comme un trait. Deux hommes se cramponnaient à la voiture : une calèche à la chaise massive.