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Page:LeMay - Essais poétiques, 1865.djvu/13

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elle partage la souffrance lui devient odieux et à charge ; elle voudrait s’en débarrasser : elle envie le sort des riches ; elle trouve injuste la part de ceux qui ont des biens et qui n’ont point d’intelligence, ou qui, s’ils en ont, la laisse se flétrir et se perdre dans la paresse et dans l’oisiveté !

Non, ceux qui écrivent des livres ne sont pas obligés de travailler de leurs mains, du matin au soir, pour subvenir aux besoins de leur famille. Quelques-uns peuvent être pauvres ; mais ceux-là n’ont point de famille à soutenir, et ils aiment mieux manger leur pain sec et boire de l’eau froide que de renoncer au travail de l’intelligence : et ils ont raison.

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Ceux pour qui le chemin de la vie n’est pas tout semé de roses ; ceux qui sont nés sous un modeste toit, au milieu des champs, qui connaissent les privations et les labeurs ; ceux qui souffrent, qui sont rejetés par le monde, et qui se plaisent aux idées de tristesse, et qui se réfugient dans la solitude de leur cœur pour attendre, en pleurant, le jour de la délivrance, ceux-là trouveront quelque charme à la lecture de mes poésies. Ils trouveront peut-être un adoucissement à leur peine, un délassement de leur travail, un baume qui calmera la douleur de leur blessure.

Les riches et les heureux n’aiment guère d’ordinaire les plaintes et les gémissements de ceux que l’infor-