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l’affaire sougraine

vague inquiétude. Il sentait qu’il se passait quelque chose d’anormal dans son entourage, mais après s’être mis inutilement l’esprit à la torture pour deviner ce que cela pouvait bien être, il n’avait rien trouvé. Il attendit stoïquement, se disant qu’on est toujours averti assez tôt d’un malheur, et qu’il ne faut pas aller au devant du courrier qui nous apporte une mauvaise nouvelle.

Il n’avait pas eu de peine de l’accident arrivé à la Longue chevelure. Il était même arrivé fort à propos, cet accident, puisque le malheureux sioux se trouvait comme une pierre d’achoppement dans le sentier qu’il suivait avec ses amis, lui D’Aucheron. La chasse allait donner plus qu’elle n’avait promis.

L’honorable monsieur Le Pêcheur avait lancé des limiers à la poursuite de Sougraine. Il éprouvait un certain plaisir à se venger de cet homme qui avait tenté de l’exploiter ; il savourait d’avance, surtout, la satisfaction cruelle qu’il aurait de voir mademoiselle D’Aucheron devenir la risée du monde, car le monde impitoyable ne lui épargnerait ni ses plaisanteries, ni ses sarcasmes, dès qu’il saurait l’histoire de madame D’Aucheron, sa protectrice, sa mère adoptive. Les deux, la mère