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l’affaire sougraine

voleurs et l’assassin par des assassins. Voilà ce qui s’appellerait suivre la lettre de la loi anglaise.

En face du banc des juges, auprès d’une longue table couverte de drap bleu foncé, s’étaient assis les avocats chargés de conduire la cause : Le substitut du Procureur Général, M. Dunbar, l’un des plus éminents parmi les jurisconsultes anglais, M. Guillaume Amyot, un orateur puissant, puis, M. F. X. Lemieux, jeune encore, mais déjà célèbre par son éloquence ardente et ses merveilleuses ressources.

Sougraine, désespéré, gémissait dans sa prison et personne ne voulait ou n’osait entreprendre la tâche ardue de le défendre. Il était pauvre et ne pouvait récompenser le dévoûment de son avocat. Il fallait donc que la charité, une grande charité, vint s’unir à de grands talents pour lui venir en aide. C’est une chose terrible que d’être accusé d’un crime qui entraîne la peine capitale, lorsque l’on est innocent, et grand Dieu ! quelle responsabilité pèse sur la tête d’un homme de loi qui se charge d’éclairer le tribunal et de faire triompher la justice ! Comme il doit être habile, perspicace et prudent ! comme il est bon qu’il sache bien dire, exposer nettement et savamment ! comme il est important surtout qu’il soit honnête, car l’hon-