triomphant, comprenant qu’en effet le triomphe de la victime fait la honte du bourreau. Les autres avaient hâte de voir la contenance de madame Asselin, et d’entendre raconter à la petite Marie-Louise comment elle s’était égarée dans le bois du domaine, en allant aux framboises avec sa tante, et comment elle s’était trouvé transportée, comme soudainement, dans une paroisse éloignée. La surprise causée par l’arrivée de l’enfant n’était pas moins grande que l’admiration du miracle de la bonne Sainte Anne ! Quelques bonnes femmes disaient : C’est la défunte Jean, c’est sûr, qui a veillé, du haut du ciel, sur ses enfants.
— Je le crois bien, répondaient les autres. Car ceux qui sont au ciel peuvent voir et connaître ce qui se passe dans le monde.
— Et ceux qui sont dans l’enfer aussi.
— Je n’en sais rien, répondaient celles qui voulaient restreindre autant que possible la liberté des damnés.
Cela doit être, puisque les esprits immatériels, insaisissables, échappent nécessairement à l’étreinte et ne peuvent être enfermés. Ils volent rapides comme la pensée, passant à tra-