Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/254

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voiture, en parlant de la récolte et du beau temps, des pupilles d’Asselin et du miracle de Sainte Anne. À la maison, pour prendre soin des enfants et faire le ménage, n’était restée que la gardienne indispensable. Ceux qui n’avaient pas encore appris la grande nouvelle du retour inespéré de la petite fille égarée dans les bois et du jeune gars disparu depuis neuf ans, l’entendirent raconter cent fois. Et les deux orphelins furent l’objet de la curiosité et de l’admiration de tout le peuple. Et voilà pourquoi il y eut tant de groupes de jaseurs à la porte de l’église. Après les vêpres, les parents et les amis se rendirent chez le tuteur. La maison s’emplit : elle regorgeait de curieux. Madame Asselin paraissait mal à l’aise. Eusèbe dissimulait-il son dépit ? je l’ignore : mais sa grosse face rousselée souriait, et lui, d’ordinaire morose, il se montrait affable et causeur. Le subrogé tuteur, Gabriel Laliberté, n’avait pas été le dernier rendu.

Cependant les pupilles n’arrivent pas encore. À tout moment quelqu’un sort pour interroger, du regard, le chemin ; et c’est à qui le premier apercevra la voiture du curé qui doit amener le pèlerin. Tous les hommes peuvent recon-