Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/35

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beault. Son père et sa mère vivaient encore, et la maison paternelle était richement peuplée d’enfants.

— Je ne partirai pas d’ici, pensait-il, sans avoir fait ma déclaration à Emmélie. Le premier est toujours le premier. D’autres peuvent se présenter en mon absence, et qui sait ?…

Faire sa déclaration, cela devint son idée fixe : il ne put s’en débarrasser. Cette idée le faisait souffrir et trembler tour à tour, le remplissait d’espoir et de crainte, de douceur et de trouble.

Il entre plein de cette pensée, un jour de soleil, à La Colombe victorieuse. Cette fois il est pâle et il ne sait que dire, lui d’ordinaire si jaseur. Emmélie vient s’asseoir près de lui avec son tricot : elle est rieuse et paraît ne se douter de rien.

Je vais partir, Emmélie, dit-il après quelques instants, en poussant un gros soupir.

— Vous allez partir ? répète la voix fraîche de la jeune fille… où allez-vous ?

— Dans ma famille.

— Pour longtemps ?