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les mondes

Qui peut jamais, devant le spectacle indicible
Que nous offre, la nuit, votre ciel étoilé,
Qui peut jamais, mon Dieu, demeurer insensible
Et ne pas deviner votre Verbe voilé ?
Qui ne sent pas, courbé sous ses douleurs profondes,
L’invincible besoin de prendre son essor,
Pour vous chercher partout dans ces étranges mondes
Que vous avez semés comme des sables d’or ?

Ô mondes étonnants que nul penser n’embrasse,
Poussière de soleils qui jouez devant Dieu,
Quel œil dans l’infini peut suivre votre trace ?
Quel esprit peut sonder vos entrailles de feux ?
Avez-vous, comme ici, des mers aux vastes ondes
Où des astres lointains mirent leur front vermeil ?
Avez-vous la vallée et la plaine fécondes
Où les fruits sont dorés par un brûlant soleil ?

Avez-vous des forêts où régnent les mystères,
Les fauves dévorants et les oiseaux chanteurs ?
Avez-vous des ruisseaux, des monts, des pics austères,
Des souffles embaumés et des vents destructeurs ?
Voyez-vous sur vos mers les rayons d’une lune,
Comme des glaives d’or descendre dans la nuit ?