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Agar et Ismaël


Dans ton calme désert, antique Bersabée,
Sur ton sable brûlant où, comme une flambée,
Court la lumière d’or d’un soleil radieux,
Passe une femme en pleurs. Nul chant mélodieux
Pour tromper ses regrets ne s’élève autour d’elle.
Le fauve fuit ces lieux sans vie. À tire-d’aile
Sous le ciel en torpeur s’envolent les oiseaux :
Là jamais nul n’entend le gazouillis des eaux.

Une femme, pleurant, chemine à l’aventure.
Une écharpe de lin s’enroule à sa ceinture,
Et ses beaux cheveux noirs, qui furent son orgueil,
Jettent sur son épaule un long voile de deuil.