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la mort du christ


Un calme horrible suit. Sur la foule inhumaine
Le regard de Jésus lentement se promène,
Et puis se porte au ciel, douloureux et plaintif.
On devine aussitôt l’amour qui veut absoudre,
Mais le ciel a déjà sillonné de sa foudre
La tête orgueilleuse du Juif.

— Moïse est le prophète et sa loi sanctifie.
Qu’on prenne ce Jésus et qu’on le crucifie,
Clame encore le peuple, il n’est pas notre roi !

Et le peuple triomphe ; et sa clameur immonde,
Dix-neuf siècles après, passe encor sur le monde
En semant la honte et l’effroi.

La victime s’avance ; elle marche au supplice !
Jésus n’a pas voulu repousser le calice.
Nous eut-il tant aimés, s’il n’eut souffert pour nous
Mais celui qui soutient, ô terre ! tes deux pôles,
Trouve la croix trop lourde, hélas ! à ses épaules,
Et l’on voit fléchir ses genoux !

L’autre jour, ce chemin où son pied meurtri saigne
Était jonché de fleurs.
Était jonché de fleurs.— Il vient, il nous enseigne !…