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les épis

L’exercice pieux était alors fini.
C’était l’adieu.
C’était l’adieu.Sortant de la petite enceinte,
Jeunes à l’œil hardi, vieux à la face sainte,
Par les chemins poudreux tout frangés de buissons,
S’en allaient en causant semailles et moissons.

Souvent, je m’en rappelle aussi, garçons et filles,
Marchant tous deux par deux, entraient dans les charmilles,
S’enivrer de l’air frais et des parfums du soir.

Puis, quand montait la nuit, ils s’en allaient s’asseoir
En cercle, pour les jeux, dans la maison voisine.
Les hommes s’appelaient au fond de la cuisine,
Pour battre le briquet autour de l’âtre éteint.
Ces choses me charmaient, et mon cœur les retint.

Depuis, le bon vieillard qui priait sur la pierre,
En embrassant la croix a fermé sa paupière,
Pour la rouvrir au ciel. Depuis, les jeunes gens
Qui s’attardaient un peu sous les bois indulgents,
Pour se parler d’amour après une prière,
Ont défriché partout l’inutile bruyère ;